Nota – Le présent chapitre repose sur les données
disponibles au 12 février 2008.
Sauf indication contraire, les chiffres présentés correspondent à des
taux annuels.
Le présent chapitre passe en revue l’évolution récente et les perspectives de l’économie au Canada et dans le monde, décrit les prévisions économiques moyennes du secteur privé qui forment la base des projections budgétaires, et traite des risques et des incertitudes associés aux perspectives économiques.
Les facteurs fondamentaux de l’économie canadienne restent solides. Grâce à leur vigueur ainsi qu’aux allégements fiscaux décisifs et opportuns annoncés dans l’Énoncé économique d’octobre 2007, l’économie du pays sera en meilleure position pour relever les défis économiques qui se profilent à l’horizon. Selon les prévisions actuelles, l’économie du Canada ralentira quelque peu à court terme, car certains risques signalés dans l’Énoncé économique se sont matérialisés, en particulier l’affaiblissement de l’économie américaine. De plus, les perspectives demeurent incertaines, car on craint toujours que le ralentissement soit plus important que prévu aux États-Unis, et l’on ignore quelles seront la durée et l’incidence des perturbations actuelles des marchés financiers.
La croissance de l’économie canadienne a été forte, s’établissant en moyenne à 3,4 % pour les trois premiers trimestres de 2007. Depuis 2001, la croissance est alimentée par une solide demande intérieure finale, qui témoigne d’une hausse rapide des revenus réels (graphique 2.1). La forte croissance de la demande intérieure est attribuable à la nette progression de la consommation et de l’investissement non résidentiel de même qu’à un marché du logement prospère, à la différence de celui des États-Unis, où l’investissement résidentiel est en baisse.
Le marché du travail demeure vigoureux, le nombre d’emplois créés dépassant 400 000 depuis la fin de 2006, dont plus de 46 000 en janvier 2008. Toutes les régions du pays ont profité de cette hausse, et le taux de chômage national est à son niveau le plus bas en 33 ans (graphique 2.2). La progression de l’emploi a été particulièrement forte en Colombie-Britannique et dans les Prairies, tandis que la faiblesse de l’emploi dans le secteur de la fabrication s’est concentrée en Ontario et au Québec. Les pertes subies dans le secteur de la fabrication ont toutefois été compensées par de solides gains dans le secteur des services, particulièrement dans les industries où les salaires sont élevés, comme les services professionnels, scientifiques et techniques ainsi que l’administration publique.
Les pressions inflationnistes étant bien maîtrisées, la Banque du Canada, devant un resserrement persistant des conditions du crédit et un affaiblissement de l’économie américaine, a abaissé son taux cible du financement à un jour (son taux directeur) de 25 points de base, d’abord en décembre 2007 puis en janvier 2008 (graphique 2.3). Elle a en outre indiqué qu’elle � estime qu’il faudra probablement encore augmenter le degré de détente monétaire dans un proche avenir afin de maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande globales et de ramener l’inflation à la cible à moyen terme �. L’inflation mesurée par l’indice de référence – qui exclut huit des composantes les plus volatiles de l’indice des prix à la consommation (IPC) et l’effet des modifications des impôts indirects, comme la taxe sur les produits et services (TPS), sur les autres composantes – a suivi une trajectoire à la baisse : après être passée sous le point médian (2 %) de la fourchette cible depuis septembre, elle a atteint 1,5 % en décembre, surtout en raison de la baisse des prix des biens importés découlant de l’appréciation du dollar canadien.
La force soutenue de la demande mondiale, combinée à l’offre restreinte de produits agricoles, de métaux de base et de pétrole brut, a mené à une augmentation marquée des prix des produits de base (graphique 2.4). Depuis le début de 2006, les prix en dollars américains des produits de base d’origine canadienne ont augmenté de plus de 11 %, les hausses les plus fortes touchant ceux de l’énergie, des céréales et des produits minéraux. Les prix des produits de base canadiens, qui représentent 40 % de la valeur de nos exportations de marchandises, se situent ainsi à des niveaux record. Bien que ces prix plus élevés soient clairement avantageux pour l’économie canadienne, ils font augmenter le coût des intrants pour les producteurs de certains secteurs (p. ex., la fabrication de produits non énergétiques, l’exploitation forestière et la production animale).
La croissance vigoureuse des prix des produits de base a contribué à la forte appréciation du dollar canadien qui a commencé au début de 2002 (graphique 2.5). En outre, les ajustements continus aux déséquilibres des comptes courants à l’échelle mondiale, qui sont à la source de la faiblesse du dollar américain, ont également renforcé le dollar canadien. Depuis le début de 2002, après pondération selon les échanges, la valeur du dollar américain a chuté de 24 % par rapport à un vaste groupe de devises. Durant cette période, le Canada a représenté une plus grande proportion de la dépréciation du dollar américain que tout autre pays, en raison de la forte hausse du taux de change Canada-États-Unis et de la part importante du Canada dans le commerce extérieur américain.
L’appréciation du dollar canadien a mis à rude épreuve les exportateurs canadiens, comme il en sera question plus loin. Toutefois, la force du dollar comporte aussi certains bienfaits importants. Ainsi, elle a fait baisser les prix des biens d’équipement importés, ce qui a entraîné une hausse marquée des investissements réels en machines et en matériel par les entreprises canadiennes. Ces investissements plus élevés sont de bon augure pour la croissance future de la productivité.
En outre, les prix des biens de consommation importés ont diminué, par suite de l’appréciation rapide du dollar canadien ainsi que du fléchissement des prix mondiaux des produits manufacturés. La combinaison de cette tendance et de l’augmentation des prix des produits de base canadiens a entraîné une hausse marquée des prix des exportations du Canada par rapport aux prix de ses importations – c’est-à-dire les termes de l’échange (graphique 2.6).
La croissance soutenue de la production et l’amélioration des termes de l’échange ont contribué à une hausse importante – de plus de 20 % – du niveau de vie des Canadiens depuis la fin de 2001 (graphique 2.7). Près de la moitié de cette hausse est attribuable à la croissance du PIB par habitant découlant à la fois de gains de productivité et de la progression du taux d’emploi. L’accroissement du pouvoir d’achat par suite de l’amélioration des termes de l’échange est à l’origine d’une tranche additionnelle de 7,5 points de pourcentage. Le reste de la hausse, soit 2,2 points, tient au fait qu’une part accrue des revenus générés au Canada reste au pays, étant donné que les administrations publiques affichent des excédents et que l’endettement extérieur net diminue.
Cette progression des revenus a favorisé une amélioration constante de la situation financière des ménages et des entreprises. L’avoir net des ménages en proportion de leur revenu disponible progresse rapidement depuis le début de 2003 et a atteint des niveaux record (graphique 2.8). De plus, les bénéfices des sociétés demeurent solides et continuent d’avoisiner le sommet de 14,3 % du PIB atteint au quatrième trimestre de 2005. Ils ont été particulièrement élevés dans les secteurs des services financiers, du commerce de gros et de détail ainsi que de l’extraction du pétrole et du gaz, mais quelque peu plus faibles dans les secteurs des forêts et de la fabrication.
L’Énoncé économique d’octobre 2007 a instauré des allégements fiscaux de portée générale à l’intention des particuliers, des familles et des entreprises, totalisant 60 milliards de dollars pour l’exercice en cours et les cinq suivants.
Les mesures fiscales instaurées par le gouvernement procureront des allégements fiscaux aux Canadiens chaque année, y compris une aide importante dès cette année. Les mesures annoncées dans l’Énoncé économique de 2007 accordent en effet des allégements fiscaux supplémentaires de 12 milliards de dollars cette année (tableau 2.1). Il s’agit notamment de la réduction à 5 % du taux de la taxe sur les produits et services (TPS) ainsi que d’allégements de l’impôt sur le revenu des particuliers pour 2007, dont la plupart des Canadiens profiteront au printemps de 2008 lorsqu’ils auront produit leur déclaration de revenus de 2007.
Tableau 2.1 Allégements fiscaux supplémentaires en 2008-20091 (M$) |
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Budget de 2006 | Plan d’équité fiscale de 2006 |
Budget de 2007 |
Énoncé économique de 2007 |
Total | |
TPS | 6 020 | 6 020 | |||
Impôt sur le revenu des particuliers | 160 | 1 030 | 3 785 | 4 795 | 9 770 |
Impôt sur le revenu des sociétés | 2 945 | 745 | 1 495 | 5 185 | |
Total | 3 105 | 1 030 | 4 530 | 12 310 | 20 975 |
1 Y compris les mesures qui entrent en vigueur en 2008 ainsi que les réductions de l’impôt sur le revenu des particuliers qui sont en vigueur pour 2007 mais qui se matérialiseront pour les contribuables en 2008, lorsqu’ils produiront leur déclaration de revenus de 2007. Ne comprend que les allégements supplémentaires. |
Si l’on tient compte des mesures annoncées jusqu’à l’Énoncé économique de 2007 inclusivement, les Canadiens et les entreprises canadiennes profiteront cette année d’allégements fiscaux supplémentaires totalisant 21 milliards de dollars, soit 1,4 % de l’économie canadienne. Ces allégements fiscaux arrivent à point nommé pour donner un coup de pouce à l’économie durant cette période d’incertitude.
Grâce aux allégements fiscaux et à la solidité de ses facteurs fondamentaux, l’économie canadienne est bien placée pour relever les défis que lui réserve l’avenir, à savoir l’affaiblissement de l’économie américaine et les perturbations financières persistant à l’échelle mondiale, dont il est question à la section suivante, ainsi que la poursuite de son adaptation à l’appréciation du dollar canadien.
La hausse du dollar canadien continue de poser un défi de taille aux secteurs fortement tributaires des exportations, en particulier ceux de la fabrication et des forêts, qui sont aussi confrontés au ralentissement de la demande aux États-Unis, à la hausse des prix de l’énergie et à la concurrence accrue de producteurs à faibles coûts dans les pays en développement. La force du dollar est également problématique pour les producteurs canadiens qui font concurrence aux producteurs étrangers sur le marché canadien.
Ces deux dernières années, la production réelle du secteur de la fabrication a reculé de 3,4 % (graphique 2.9). Des baisses ont été enregistrées dans des industries représentant plus des deux tiers de la production de ce secteur, les plus touchées étant celles de l’automobile, des produits du bois, des pâtes et papiers, du plastique et du caoutchouc et des textiles. La baisse de la production de l’industrie de l’automobile est non seulement attribuable à la faible demande de véhicules en Amérique du Nord mais aussi à la restructuration des trois grands constructeurs américains. Quant à l’industrie des produits du bois, elle a subi des baisses de production particulièrement abruptes par suite de la détérioration du marché du logement aux États-Unis. En revanche, puisque la production est en hausse dans des industries représentant environ le tiers de la production du secteur de la fabrication, il existe des sources de dynamisme, notamment l’industrie des meubles et celle des produits informatiques et électroniques.
La part du secteur de la fabrication dans la production totale a décliné dans la plupart des pays développés au cours des 35 dernières années (graphique 2.10). Au Canada, cette tendance à la baisse s’est inversée de 1993 à 2000, la faible valeur du dollar canadien stimulant temporairement la production dans ce secteur. Depuis, la forte appréciation du dollar canadien par rapport au dollar américain et à d’autres devises a ravivé les pressions sur ce secteur et a donné lieu à une reprise de la tendance baissière à long terme de sa part dans la production économique.
Bien que les secteurs de la fabrication et des forêts aient subi d’importantes pertes au chapitre de la production et de l’emploi, des gains solides dans d’autres secteurs de l’économie ont plus que compensé ces pertes (graphique 2.11). L’emploi a nettement progressé dans des secteurs où les salaires sont élevés, comme les suivants : services publics, mines, pétrole et gaz, construction, et services financiers, assurances et immobilier. La santé globale de l’économie a allégé le fardeau d’adaptation pour les secteurs plus faibles en créant des possibilités d’emploi dans toutes les régions du pays.
L’activité économique a beaucoup ralenti aux États-Unis, la croissance du PIB réel ayant diminué à seulement 0,6 % au quatrième trimestre de 2007. Un nouveau recul marqué de l’investissement résidentiel, une décélération de la croissance des exportations et un revirement brusque de l’accumulation de stocks sont les principaux facteurs à l’origine de ce ralentissement de la croissance (graphique 2.12). De plus, les dépenses de consommation ont quelque peu ralenti au quatrième trimestre, par suite de la réduction de la richesse des ménages et de la dégradation de la confiance des consommateurs.
Pour évaluer les perspectives de l’économie américaine, il faut avant tout se demander à quel point s’arrêtera le recul de l’investissement résidentiel et des prix des maisons, et s’il entraînera un ralentissement marqué des dépenses de consommation.
Étant donné que les prix des maisons sont en baisse (graphique 2.13), que les stocks affichent des niveaux record et que le nombre de défauts de paiement et de forclusions ne cesse de croître, il est projeté que la contraction de l’investissement résidentiel continuera de freiner la croissance du PIB réel américain jusqu’à la fin de 2008, et beaucoup de prévisionnistes croient même qu’il en sera encore ainsi au début de 2009. Récemment, des inquiétudes quant à la santé globale de l’économie américaine ont fait chuter les cours des actions, et les principaux indices ont reculé de plus de 10 % par rapport aux sommets récents enregistrés en octobre (graphique 2.13). Les baisses des cours des actions enregistrées jusqu’ici en 2008 ont effacé tous les gains réalisés l’année dernière.
Ces baisses appréciables pourraient réduire la richesse des ménages, faire fléchir la confiance des consommateurs et freiner la demande de consommation (graphique 2.14). De plus, la hausse des taux de défaut de paiement d’hypothèques et de forclusion a mené les institutions financières à resserrer leurs normes pour les prêts aux consommateurs, ce qui a réduit l’accès au crédit pour ces derniers et affaibli encore davantage la demande anémique de logements. Les perturbations qui continuent d’ébranler les marchés financiers ont creusé les écarts de taux d’intérêt liés au risque, occasionnant une hausse des coûts de financement et une réduction générale de l’accès au crédit pour les entreprises. En général, les conditions du crédit devraient demeurer serrées tout au long de 2008 et freiner la croissance des investissements des entreprises et des dépenses de consommation aux États-Unis.
En réaction aux indices d’un ralentissement de la croissance, la Réserve fédérale des États-Unis a abaissé le taux cible des fonds fédéraux de 225 points de base au total depuis septembre, pour le ramener à 3,00 %. L’administration américaine a fait sa part pour soutenir l’économie du pays avec l’Economic Stimulus Act de 2008, qui prévoit une série de mesures de stimulation fiscale d’une durée d’un an et d’une valeur correspondant à environ 1 % de l’économie américaine, y compris des allégements fiscaux temporaires à l’intention des particuliers et des sociétés.
En moyenne, les prévisionnistes du secteur privé s’attendent à ce que la croissance du PIB réel des États-Unis soit de 1,5 % en 2008 et de 2,4 % en 2009. Il s’agit de fortes baisses par rapport aux prévisions de l’Énoncé économique d’octobre 2007, soit de 0,7 point de pourcentage pour 2008 et de 0,5 point pour 2009 (graphique 2.15).
Le ralentissement de la croissance aux États-Unis et le resserrement des conditions du crédit dans le monde entier devraient ralentir la croissance économique mondiale. Après avoir progressé de 4,9 % en 2007, l’économie mondiale devrait croître plus lentement en 2008, soit à un taux de 4,1 %, selon la Mise à jour des Perspectives de l’économie mondiale publiée en janvier 2008 par le Fonds monétaire international (FMI) (tableau 2.2). La prévision révisée pour 2008 est inférieure de 0,3 point de pourcentage à celle des Perspectives de l’économie mondiale d’octobre 2007, principalement à cause d’importantes révisions à la baisse des prévisions de croissance des économies avancées. Le FMI a réduit à 1,5 % sa prévision de la croissance du PIB réel des États-Unis pour 2008, ce qui est conforme à la moyenne des prévisions du secteur privé dont il était question à la section précédente.
La zone euro a connu une expansion économique rapide depuis le milieu de 2006, grâce à une hausse de l’investissement (surtout en Allemagne) et à une forte augmentation des exportations. Selon le FMI, la croissance, qui s’établissait en moyenne à 2,6 % en 2007, devrait reculer à 1,6 % en 2008, sous l’effet du resserrement des conditions du crédit et du ralentissement de la croissance mondiale.
Au Japon, la croissance économique a été freinée par le ralentissement de l’investissement résidentiel, tandis que la confiance des consommateurs et des entreprises diminuait et devrait rester faible. De plus, bien que la valeur du yen pondérée selon les échanges reste relativement faible, il est projeté que son appréciation récente freinera les exportations nettes. Selon le FMI, le PIB réel du Japon devrait croître de 1,5 % en 2008.
Les économies émergentes devraient maintenir une croissance solide, bien qu’il soit probable que le ralentissement aux États-Unis exerce une certaine pression à la baisse sur leurs exportations. En Chine, la croissance devrait ralentir légèrement, en raison d’une contribution plus faible du commerce international, mais elle restera forte dans l’ensemble. Après avoir enregistré une croissance robuste de 11,4 % en 2007, soit le taux le plus élevé depuis 1994, l’économie chinoise devrait progresser à une allure un peu moins rapide de 10 % en 2008.
Tableau 2.2 Perspectives de croissance du PIB réel mondial1 (%, d’une année sur l’autre) |
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Perspectives d’octobre 2007 (FMI)2 | Mise à jour de janvier 2008 (FMI) | Variation par rapport aux perspectives d’octobre 2007 (FMI) | |||
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2006 | 2007 | 2008 | 2008 | ||
Monde2 | 5,0 | 4,9 | 4,4 | 4,1 | -0,3 |
Économies avancées | 3,0 | 2,6 | 2,2 | 1,8 | -0,4 |
États-Unis | 2,9 | 2,2 | 1,9 | 1,5 | -0,4 |
Zone euro (15 pays) | 2,8 | 2,6 | 2,1 | 1,6 | -0,5 |
Japon | 2,4 | 1,9 | 1,7 | 1,5 | -0,2 |
Économies de marché émergentes et économies en développement |
7,7 | 7,8 | 7,1 | 6,9 | -0,2 |
Pays en développement d’Asie |
9,6 | 9,6 | 8,7 | 8,6 | -0,1 |
Dont Chine |
11,1 | 11,4 | 10,0 | 10,0 | s.o. |
1 Les taux de croissance
agrégés des groupes de pays sont calculés au moyen des taux de
change selon la parité des pouvoirs d’achat (PPA). 2 Calculs du ministère des Finances. Les coefficients de pondération des pays ayant servi au calcul des taux de croissance agrégés des groupes de pays ont été révisés par rapport à ceux utilisés dans les Perspectives de l’économie mondiale d’octobre 2007 afin d’intégrer les données actualisées communiquées en décembre 2007 par la Banque mondiale sur les taux de change selon la PPA. Source : FMI, Mise à jour des Perspectives de l’économie mondiale (janvier 2008) |
Chaque trimestre, le ministère des Finances mène une enquête auprès de prévisionnistes du secteur privé pour connaître leurs perspectives pour l’économie canadienne. Cette enquête sert de fondement aux hypothèses économiques qui sous-tendent les projections financières énoncées dans le budget. Les prévisions économiques formulées ci-après s’appuient sur les résultats de l’enquête que le ministère des Finances a menée en décembre 2007 et mise à jour en janvier.
La croissance du PIB réel de 2,9 % enregistrée au troisième trimestre de 2007 a dépassé celle de 2,2 % qui était prévue au moment de l’Énoncé économique d’octobre 2007. Toutefois, les prévisionnistes du secteur privé estiment maintenant que la croissance du PIB réel a nettement ralenti au quatrième trimestre de 2007, et ils anticipent une croissance modérée en 2008.
Pour 2008, les prévisionnistes du secteur privé s’attendent à ce que le PIB réel augmente de 1,7 %, ce qui est nettement inférieur au taux de 2,4 % figurant dans l’Énoncé économique (graphique 2.16). Cette révision à la baisse tient au fait qu’ils anticipent un ralentissement de la croissance économique aux États-Unis et un resserrement des conditions du crédit au Canada. Les prévisionnistes ont également revu à la baisse leur prévision de la croissance du PIB réel pour 2009, qui est passée de 2,7 % au moment de l’Énoncé économique à 2,4 %, en partie parce qu’ils anticipent une croissance plus faible aux États-Unis l’an prochain.
Pour ce qui est de l’inflation du PIB, les prévisionnistes ont réduit à 1,8 % leur prévision pour 2008, qui était de 2,4 % dans l’Énoncé économique. Cela tient au fait qu’ils ont revu à la baisse leurs perspectives concernant les prix à la consommation, en raison de la réduction du taux de la TPS et de l’adaptation continue des prix des importations à l’appréciation du dollar canadien; ces facteurs ont toutefois été compensés en partie par la hausse des prix de l’énergie, qui a dépassé les prévisions faites au moment de l’Énoncé économique. Quant à la prévision pour 2009, elle a été légèrement revue à la baisse, passant de 2,0 % à 1,9 %.
En raison des révisions à la baisse touchant la croissance du PIB réel et l’inflation du PIB, les perspectives de croissance du PIB nominal ont aussi été modifiées, passant de 4,8 % pour 2008 et 4,7 % pour 2009 dans l’Énoncé économique à 3,5 % et 4,3 % respectivement (graphique 2.17). Quant au niveau du PIB nominal, il devrait aussi être inférieur aux prévisions de l’Énoncé économique, l’écart étant de près de 22 milliards de dollars pour 2008, et de 28 milliards pour 2009.
Au moment de l’Énoncé économique, les prévisionnistes du secteur privé s’attendaient à ce que les taux d’intérêt à court terme s’établissent en moyenne à 4,4 % en 2008 et à 4,7 % en 2009. Ils ont revu ces prévisions à la baisse, à 3,2 % pour 2008 et à 3,8 % pour 2009.
Les taux d’intérêt à long terme ont eux aussi fait l’objet d’importantes révisions à la baisse. Ils devraient s’établir en moyenne à 3,6 % en 2008 et à 4,2 % en 2009, alors que les prévisions de l’Énoncé économique les situaient respectivement à 4,6 % et à 5,0 %.
Les prévisionnistes du secteur privé s’attendent également à ce que le ralentissement de la croissance se traduise par une légère hausse du taux de chômage. Ils anticipent qu’il se situera à 6,3 % en 2008 et à 6,4 % en 2009, alors que leur prévision au moment de l’Énoncé économique était de 6,2 % pour ces deux années.
Tableau 2.3 Prévisions du secteur privé (%, sauf indication contraire) |
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2007 | 2008 | 2009 | |
Croissance du PIB réel | |||
Budget de mars 2007 | 2,3 | 2,9 | 3,1 |
Énoncé économique d’octobre 2007 | 2,5 | 2,4 | 2,7 |
Budget de février 2008 | 2,6 | 1,7 | 2,4 |
Inflation du PIB | |||
Budget de mars 2007 | 1,5 | 2,0 | 2,0 |
Énoncé économique d’octobre 2007 | 3,3 | 2,4 | 2,0 |
Budget de février 2008 | 3,1 | 1,8 | 1,9 |
Croissance du PIB nominal | |||
Budget de mars 2007 | 3,9 | 5,0 | 5,2 |
Énoncé économique d’octobre 2007 | 5,9 | 4,8 | 4,7 |
Budget de février 2008 | 5,7 | 3,5 | 4,3 |
PIB nominal (G$) | |||
Budget de mars 20071 | 1 503 | 1 578 | 1 660 |
Énoncé économique d’octobre 2007 | 1 532 | 1 605 | 1 680 |
Budget de février 2008 | 1 529 | 1 583 | 1 652 |
Variation (budget de 2008 par rapport à l’Énoncé économique) |
-2 | -22 | -28 |
Taux des bons du Trésor à 3 mois | |||
Budget de mars 2007 | 4,2 | 4,2 | 4,3 |
Énoncé économique d’octobre 2007 | 4,2 | 4,4 | 4,7 |
Budget de février 2008 | 4,2 | 3,2 | 3,8 |
Taux des obligations du gouvernement du Canada à 10 ans |
|||
Budget de mars 2007 | 4,1 | 4,5 | 5,2 |
Énoncé économique d’octobre 2007 | 4,3 | 4,6 | 5,0 |
Budget de février 2008 | 4,3 | 3,6 | 4,2 |
Taux de chômage | |||
Budget de mars 2007 | 6,3 | 6,4 | 6,3 |
Énoncé économique d’octobre 2007 | 6,1 | 6,2 | 6,2 |
Budget de février 2008 | 6,0 | 6,3 | 6,4 |
Croissance du PIB réel aux États-Unis | |||
Budget de mars 2007 | 2,5 | 2,9 | 3,3 |
Énoncé économique d’octobre 2007 | 1,9 | 2,2 | 2,9 |
Budget de février 2008 | 2,2 | 1,5 | 2,4 |
1 Le PIB nominal a été ajusté en fonction des révisions
apportées en mai 2007 aux Comptes nationaux des revenus et
dépenses. Sources : Enquêtes menées par le ministère des Finances auprès de prévisionnistes du secteur privé en mars 2007 et en octobre 2007; enquête menée auprès de prévisionnistes du secteur privé en décembre 2007 et mise à jour en janvier 2008 |
Les risques à la baisse signalés dans l’Énoncé économique d’octobre 2007 se sont matérialisés dans une certaine mesure. En effet, parce que les prévisionnistes du secteur privé s’attendent à un ralentissement de la croissance aux États-Unis et à des perturbations persistantes des marchés financiers, ils ont revu à la baisse les prévisions qu’ils avaient faites en octobre pour l’économie canadienne. Les risques à la baisse demeurent prépondérants, et les perspectives économiques demeurent très incertaines.
En dépit de perspectives déjà peu reluisantes pour l’économie aux États-Unis, le ralentissement risque d’y être plus important que prévu. D’autres baisses importantes des prix des maisons, de nouvelles réductions marquées des cours des actions, le resserrement des conditions du crédit et une détérioration rapide du marché du travail sont autant de facteurs qui pourraient être lourds de conséquences pour les dépenses de consommation et les investissements des entreprises dans ce pays.
Il existe également un risque connexe que les perturbations des marchés financiers mondiaux persistent plus longtemps que prévu. Cela pourrait faire monter les coûts d’emprunt pour les entreprises et les consommateurs, réduire l’accès au crédit et ébranler la confiance des consommateurs et des entreprises à l’échelle mondiale.
La volatilité accrue des marchés financiers et l’évolution récente de l’économie américaine ont donc augmenté l’incertitude entourant les perspectives économiques mondiales. Une croissance plus lente que prévu de l’économie mondiale pourrait exercer des pressions à la baisse sur les prix des produits de base, ce qui se solderait par un fléchissement des termes de l’échange et de la croissance des revenus pour le Canada.
Cela dit, l’économie canadienne est bien placée pour relever les défis à venir, en raison de la solidité de ses facteurs fondamentaux d’ordre économique et de ses finances publiques. En outre, les mesures prises dans l’Énoncé économique accordent aux Canadiens des allégements fiscaux supplémentaires totalisant plus de 12 milliards de dollars cette année. Si l’on y ajoute les autres mesures prises par le gouvernement depuis 2006, les Canadiens et les entreprises canadiennes bénéficient cette année d’allégements fiscaux supplémentaires totalisant 21 milliards, ce qui équivaut à 1,4 % de l’économie du pays.
Ces mesures prises au moment opportun continueront de renforcer l’économie durant cette période d’incertitude et donneront suite à Avantage Canada, le plan économique du gouvernement en vue d’améliorer la compétitivité à long terme du Canada et d’assurer l’avenir des Canadiens.
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