Discours - Énoncé économique de l'automne 2018 : Investir dans les emplois pour la classe moyenne
Le texte prononcé fait foi
Discours de l'honorable Bill Morneau
Le 21 novembre 2018
Monsieur le Président, il y a trois ans, les Canadiennes et Canadiens ont fait un choix.
Ils se sont ralliés à une approche plus confiante, plus optimiste et plus ambitieuse.
Une approche consistant à investir de nouveau dans les Canadiens et dans ce qui leur importe le plus :
… de bons emplois bien rémunérés;
… plus d'aide pour les familles qui travaillent fort;
… et une économie qui offre à chaque Canadien des chances réelles et égales de réussir.
Pendant les années qui ont suivi, nous avons accompli de réels progrès pour la classe moyenne et les gens qui travaillent fort pour en faire partie.
Nous avons tout d'abord demandé aux personnes les plus riches de fournir une contribution un peu plus élevée afin de pouvoir baisser les impôts de la classe moyenne.
Nous avons mis en place l'Allocation canadienne pour enfants dans le but d'alléger l'important coût financier que les familles doivent assumer pour élever leurs enfants.
Ces deux mesures, à elles seules, ont grandement amélioré la situation des familles canadiennes, Monsieur le Président.
Dès l'année prochaine, une famille de quatre personnes de la classe moyenne recevra chaque année environ 2 000 dollars de plus, qu'elle pourra investir dans les choses dont elle a besoin, que ce soit des aliments nutritifs … ou de nouvelles bottes d'hiver pour les enfants qui grandissent.
L'Allocation canadienne pour enfants fait aussi en sorte qu'environ 300 000 enfants canadiens ne vivent plus aujourd'hui sous le seuil de la pauvreté.
Pour nous assurer qu'un plus grand nombre de Canadiens aient accès à un logement sûr et abordable, nous avons instauré la toute première Stratégie nationale sur le logement.
Ces investissements permettront de combler les besoins en logement de plus d'un demi-million de ménages, en plus de contribuer à réduire l'itinérance chronique de moitié.
Pour aider à donner aux Canadiens une plus grande confiance dans leur avenir, nous avons bonifié le Régime de pensions du Canada. Les jeunes Canadiens peuvent désormais être certains qu'ils auront un revenu plus élevé quand ce sera à leur tour de prendre leur retraite.
Pour nos aînés, nous avons augmenté la prestation complémentaire au Supplément de revenu garanti, améliorant du même coup la sécurité financière de près de 900 000 aînés, et nous avons annulé la hausse de l'âge d'admissibilité au Supplément et à la Sécurité de la vieillesse.
Monsieur le Président, toutes ces politiques correspondent à des promesses précises que nous avions faites.
Ce sont maintenant des promesses tenues.
Nous avons réalisé ces investissements parce qu'ils étaient la bonne chose à faire pour les Canadiens, pour créer de nouveaux emplois, obtenir de meilleurs salaires et bâtir une économie plus forte.
Et comme nous le constatons, Monsieur le Président, quand on investit dans les Canadiens – quand on leur donne les outils nécessaires à la réussite –, les Canadiens y ajoutent leur travail acharné et produisent des résultats économiques qui figurent parmi les meilleurs observés depuis une génération.
Aujourd'hui, l'économie canadienne est forte et en croissance.
L'an dernier, le Canada a affiché une croissance économique de 3 %, soit la plus forte parmi les pays du Groupe des Sept (G7), et il continuera de figurer parmi les économies dont la croissance est la plus rapide, cette année et l'an prochain.
Notre plan de croissance économique fonctionne parce que les Canadiens sont au travail.
Notre définition d'une économie plus forte, c'est une économie qui produit des résultats concrets pour la population.
Cela veut dire des emplois, Monsieur le Président.
De bons emplois bien rémunérés pour la classe moyenne.
Des emplois qui permettent d'élever une famille et de bâtir un avenir meilleur.
Depuis trois ans, les Canadiens qui travaillent fort ont créé plus de 550 000 nouveaux emplois à temps plein, ramenant le taux de chômage à son niveau le plus bas observé en 40 ans.
Les Canadiens gagnent également plus.
Le salaire du travailleur canadien moyen augmente plus rapidement que le coût de la vie.
Si les tendances actuelles se maintiennent, cette année sera marquée par la plus forte croissance des salaires en près d'une décennie.
Monsieur le Président, ce sont de bons résultats à tous les points de vue.
Ils démontrent que quand on investit dans les Canadiens, les Canadiens feront croître l'économie… au profit de toute la population.
Nous savons qu'il y a encore beaucoup de travail à faire.
Comme le dirait le Premier Ministre, il est toujours possible de faire mieux.
Mais les Canadiens devraient se réjouir et être fiers du travail qu'ils ont accompli pour créer des emplois et relancer l'économie.
Monsieur le Président, tout dirigeant responsable sait qu'un bon plan doit prévoir une marge de manœuvre suffisante pour répondre aux changements de circonstances, puisque celles-ci changent toujours.
Dans le cas du Canada, il a fallu composer avec une nouvelle administration aux États-Unis. Cette situation a posé quelques défis intéressants, si je peux le dire ainsi.
L'une des choses les plus importantes que nous avons accomplies depuis le dernier Énoncé économique de l'automne est la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).
Cette renégociation était importante pour les millions de Canadiens dont l'emploi dépend du commerce nord–américain. Elle était également importante pour les entreprises canadiennes, lesquelles nous ont très souvent expliqué que la mesure la plus utile que nous puissions prendre pour garantir la stabilité économique et la confiance dans l'économie canadienne était une renégociation réussie de l'ALENA.
Monsieur le Président, voilà exactement ce que nous avons fait.
Nous avons préservé l'accès à notre marché le plus important, et nous avons mis fin à l'incertitude vécue par les millions de Canadiens dont l'emploi en dépend.
Je tiens ici à prendre un instant pour remercier les Canadiens – de tous les horizons et de toutes les allégeances politiques – qui ont mis leurs différences de côté pour défendre les intérêts de notre pays.
Des dirigeants d'entreprises et de syndicats… des députés de tous les partis de cette chambre… des maires des plus grandes villes comme des plus petits villages du Canada… des entrepreneurs et artistes actifs sur la scène locale… partout au Canada.
Au nom du premier ministre et de ma collègue la ministre des Affaires étrangères, je vous remercie.
Forts de votre appui, nous avons pu rester fermes.
Toutefois, Monsieur le Président, le simple fait que nous avons conclu un accord commercial avec les États–Unis ne veut pas dire que nous serons toujours d'accord avec leur approche.
L'administration en place a procédé à une série de baisses d'impôt massives pour les grandes sociétés. Tel est son droit, en tant que pays souverain.
Certaines personnes ont fait pression pour que nous prenions des mesures équivalentes.
Un tel geste ajouterait des dizaines de milliards de dollars à notre dette, Monsieur le Président.
Il ferait plus de tort que de bien en ce qui a trait aux inégalités des revenus au Canada.
Et il pourrait rendre moins abordables les services dont dépendent des millions de Canadiens.
Monsieur le Président, soyons directs : pour gérer un budget fédéral, il faut faire des choix difficiles.
Et en réalité, lorsque les députés d'opposition réclament l'élimination du déficit en employant des mesures agressives, ils entendent par là de dures compressions dans les services… des compressions qui mèneraient à une vie plus difficile pour les gens et les familles.
Ce n'est pas ce que nous voulons pour le Canada, et ce n'est pas ce que les Canadiens veulent non plus.
Nous avons donc choisi une voie différente – une démarche ciblée, mesurée et financièrement responsable.
Une démarche qui encourage les entreprises à investir dans la croissance et à créer de bons emplois bien rémunérés pour les Canadiens de la classe moyenne.
Une démarche qui indique clairement aux entreprises que si elles ont le choix d'investir d'un côté ou de l'autre de la frontière, le Canada représente le choix judicieux et raisonnable.
C'est une démarche qui garantit que le ratio de la dette fédérale à notre produit intérieur brut (PIB) poursuivra sa trajectoire continue à la baisse.
Il convient de vous rappeler que le bilan du Canada est déjà plus solide que celui de ses principaux alliés, et que notre gouvernement s'est engagé sans réserve à maintenir cet avantage compétitif dans cette situation mondiale volatile.
Je vais vous dire pourquoi il est important de s'assurer que nos bases soient solides, Monsieur le Président.
En effet, nous avons beau prendre des mesures décisives aujourd'hui pour favoriser la croissance économique et investir dans les emplois pour la classe moyenne, nous sommes en réalité entourés de défis à relever.
Ces défis peuvent être l'incertitude quant à l'économie mondiale ou des préoccupations concernant des différends commerciaux qui s'éternisent. Ou encore les difficultés auxquelles le secteur pétrolier et gazier de l'Alberta est confronté, lui qui doit composer actuellement avec des prix du pétrole brut très faibles par rapport aux prix de référence internationaux.
Voilà pourquoi nous joignons les gestes à la parole, Monsieur le Président. Notre objectif est d'offrir un plus grand accès aux marchés pour nos ressources, en nous y prenant de la bonne manière.
Soyons clairs, Monsieur le Président.
Nous aurions pu faire la sourde oreille aux préoccupations des dirigeants d'entreprise et décider de ne pas réaliser les investissements et les changements qui font partie de l'Énoncé économique de l'automne, et nous nous retrouverions ainsi avec un déficit plus bas.
Une telle réaction ne serait ni rationnelle ni responsable.
Nous choisissons, encore une fois, de faire confiance aux Canadiens, ces gens qui nous ont accordé leur confiance.
Nous savons que si nous donnons aux entreprises canadiennes plus de possibilités de réussir et de croître, c'est précisément ce qu'elles feront.
L'une des plus grandes occasions à saisir pour l'économie canadienne est reliée au virage mondial vers la croissance propre.
Comme vous le savez, Monsieur le Président, en 2016, notre gouvernement a conclu avec les provinces et les territoires, en consultation avec les peuples autochtones, le tout premier plan d'action national du Canada sur la croissance propre et les changements climatiques.
C'est un plan complet qui prévoit d'investir dans le transport en commun, d'éliminer progressivement les centrales d'électricité au charbon, d'investir dans l'énergie propre, de mettre un prix sur la pollution et d'appuyer l'efficacité énergétique dans l'ensemble du Canada.
Monsieur le Président, certaines personnes veulent enfouir leur tête dans le sable et ne pas voir ce qui arrive au climat, et à l'économie.
Ils veulent que la pollution soit de nouveau gratuite et que nos enfants et petits–enfants aient à s'occuper des conséquences.
Cela, nous ne le permettrons pas, Monsieur le Président. La pollution était gratuite, et nous en produisions trop. Voilà la source du problème que nous allons résoudre.
Après trois ans de mesures importantes, le Canada est aujourd'hui prêt à agir en chef de file et à connaître du succès dans l'économie mondiale de la croissance propre – dont la valeur estimée se chiffre à 26 000 milliards de dollars au cours des 12 prochaines années.
Et pour nous aider à y parvenir, nous annonçons notre intention de mettre sur pied un conseil consultatif en matière de lutte contre les changements climatiques. Ce conseil donnera des conseils d'experts au gouvernement sur des façons dont nous pouvons réduire davantage la pollution et encourager la croissance économique dans deux domaines cruciaux : le secteur des transports et le secteur du bâtiment.
Monsieur le Président, il ne suffit pas de rendre l'économie plus propre. Nous devons aussi rendre une telle économie plus abordable pour les Canadiens de la classe moyenne.
Voilà pourquoi notre gouvernement ne conservera aucuns revenus provenant de la tarification de la pollution. Nous retournerons chaque sou à la province ou au territoire où nous l'avons perçu, et 80 % des familles canadiennes s'en porteront mieux financièrement.
Comme je l'ai affirmé, Monsieur le Président, notre gouvernement est convaincu que si nous donnons aux entreprises canadiennes plus d'occasions de réussir et de croître, elles combleront – et dépasseront – toutes les attentes.
Pour encourager les entreprises à investir dans leur propre croissance et à créer plus de bons emplois bien rémunérés, notre gouvernement propose de leur permettre de passer immédiatement en charges, aux fins de l'impôt, le coût total des machines et du matériel utilisés pour la fabrication et la transformation de biens.
Nous permettrons aussi la passation en charges immédiate du coût total du matériel désigné de production d'énergie propre. Cette mesure contribuera à l'atteinte des objectifs climatiques, en plus de stimuler la compétitivité du Canada sur la scène mondiale.
De plus, en réponse aux demandes de la communauté d'affaires, nous instaurons le nouvel Incitatif à l'investissement accéléré, une déduction pour amortissement accéléré à l'intention des entreprises de toutes tailles et de tous les secteurs de l'économie.
Cet incitatif encouragera plus d'entreprises à investir dans des actifs qui stimuleront leur croissance à long terme, ce qui jettera les bases pour créer encore plus d'emplois pour la classe moyenne.
Notre gouvernement établit aussi un programme ambitieux pour faire du Canada l'économie la plus connectée à l'échelle mondiale.
Nous avons déjà bien entamé ce programme.
Avec la conclusion réussie du nouvel ALENA, ainsi que celle de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne et de l'Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste, nous disposons maintenant d'accords de libre–échange avec des pays représentant les deux tiers du PIB mondial.
Le Canada est désormais le seul pays du G7 à disposer d'accords de libre–échange avec tous les autres pays du G7.
Nous voulons donner aux entreprises canadiennes plus de possibilités de croissance, de réussite et de création de bons emplois bien rémunérés. Voilà pourquoi nous lançons une stratégie de diversification des exportations, dont l'objectif consiste à aider directement les entreprises canadiennes à faire augmenter leurs ventes outremer de 50 % d'ici 2025.
Au pays, nous collaborerons avec nos partenaires provinciaux et territoriaux afin d'éliminer des obstacles au commerce intérieur au Canada.
Plus précisément, nous allons travailler ensemble afin de trouver des moyens de faciliter le transport des marchandises pour les entreprises, afin d'harmoniser la réglementation et l'inspection des aliments, afin d'harmoniser les règlements dans le secteur de la construction, et afin de faciliter l'expansion du commerce des produits alcoolisés.
De plus, nous prendrons des mesures pour moderniser nos règlements afin qu'il soit plus facile pour les entreprises canadiennes de grandir. Et nous y parviendrons tout en continuant de protéger la santé et la sécurité des Canadiens, ainsi que notre environnement.
Nous avons l'intention de procéder à d'autres investissements qui aideront les entreprises canadiennes innovatrices à ajouter de la valeur, à réussir et à prendre de l'expansion.
Et puisque notre économie se porte si bien, nous avons la marge de manœuvre financière nécessaire pour continuer de donner suite aux engagements que nous avons pris auprès des Canadiens.
Monsieur le Président, nous savons que les meilleures solutions aux grands défis du Canada proviennent des Canadiens eux-mêmes.
Lorsque les organismes de bienfaisance, les organismes sans but lucratif et les entreprises sociales ont accès à des capitaux et à des investissements, ils peuvent innover et aller plus loin que le gouvernement peut le faire à lui seul. Voilà précisément ce que nous faisons aujourd'hui en lançant un nouveau fonds de finance sociale.
Nous collaborons avec les résidents de la région dans le but de réformer Nutrition Nord, afin que ce programme améliore l'accès à des aliments abordables, nutritifs et traditionnels et qu'il soit transparent, efficace et imputable à l'égard des résidents du Nord et des autres Canadiens.
Un élément clé de l'avantage numérique et créatif du Canada est sa culture francophone. La protection et la promotion de la culture ouvrent d'énormes possibilités économiques, non pas seulement au Canada, mais partout dans le monde. Voilà pourquoi nous contribuons à la création d'une nouvelle plateforme numérique francophone en partenariat avec des diffuseurs publics qui sont membres de TV5MONDE.
Pour protéger le rôle essentiel des médias d'information indépendants dans notre démocratie et dans nos communautés, nous mettrons en place des mesures de soutien au journalisme canadien.
Pour contribuer à la durabilité des stocks de poissons sauvages du Canada et des communautés qui en dépendent, nous investirons dans des efforts visant à reconstituer les stocks de poissons. De plus, nous instaurerons deux nouveaux fonds, un fonds d'innovation et de rétablissement du saumon en Colombie-Britannique et un fonds pour les pêches du Québec, afin d'appuyer le secteur du poisson et des fruits de mer dans ces deux provinces.
Monsieur le Président, ces mesures et les autres mesures prévues dans l'Énoncé économique de l'automne ont un point en commun : elles s'inscrivent dans le plan de notre gouvernement pour donner suite aux engagements que nous avons pris auprès des Canadiens.
Pour renforcer la classe moyenne et assurer sa croissance, et pour apporter une aide concrète aux personnes qui travaillent fort pour en faire partie.
Pour assurer la croissance de notre économie et investir dans les emplois pour la classe moyenne.
Pour apporter aux Canadiens l'aide dont ils ont besoin pour réussir, en effectuant des investissements judicieux pour faire croître notre économie dans une perspective à long terme, tout en nous rapprochant de l'équilibre budgétaire.
C'est ce que les Canadiens attendent de nous.
C'est ce que nous avons promis.
Et c'est exactement ce que nous faisons.
Merci.
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